mardi 22 septembre 2015

Programmes scolaires : ce qui change du CP à la 3eme

Tout ou presque avait été reproché aux futurs programmes scolaires du CP à la 3eme, au printemps. La nouvelle version, rendue publique vendredi 18 septembre par le ministère de l’éducation nationale, a été totalement réécrite.
Terminées, les thématiques historiques laissées au libre choix des enseignants, au détriment du « récit national ». Banni, le jargon raillé des enseignants eux-mêmes, en particulier en éducation physique et sportive. Dépassé le danger d’un « nivellement par le bas » – c’est en tout cas ce qu’espère le Conseil supérieur des programmes (CSP) : si d’aucuns avaient dénoncé en avril une première version simplifiée à l’extrême pour laisser plus de liberté pédagogique aux enseignants, les nouveaux programmes se sont étoffés, densifiés…
C’est sur le degré d’exigence accru que la ministre de l’éducation nationale a choisi de communiquer, valorisant l’accent nouveau mis sur les « fondamentaux » dans ces programmes, qui entreront en vigueur à la rentrée 2016. « La pratique répétée de la lecture et de l’écriture, la discipline exigée par des dictées quotidiennes sont indispensables », affirme Najat Vallaud-Belkacem dans Le Monde du samedi 19 septembre. En plus des dix heures classiquement dévolues au français, explique la ministre, dix heures hebdomadaires seront consacrées à des activités quotidiennes d’oral, de lecture et d’écriture. De quoi satisfaire les nostalgiques ?

Enjeu double
A la lecture des nouveaux programmes, notamment ceux de cycle 2 (CP, CE1, CE2), on ne peut que constater la place, majeure, accordée au lire, écrire, compter. Il est ainsi question, d’« occasions d’écrire très nombreuses [qui] devraient faire de cette pratique l’ordinaire de l’écolier » ; d’« au moins une séance quotidienne » en écriture ; ou encore, en mathématiques, d’une « pratique quotidienne du calcul mental [qui] conforte la maîtrise des nombres et des opérations ». Au collège aussi, une marche est franchie : un élève de 5e doit pouvoir écrire seul un « texte correct » de 500 à 1 000 signes, et de 2 000 à 3 000 signes en 4e et 3e.
Pour le ministère de l’éducation, l’enjeu est double : s’éviter un procès en laxisme, alors que s’engagent les discussions sur la réforme sensible de l’évaluation et de la notation ; et sans doute aussi focaliser l’attention sur des activités – lecture, écriture, calcul – qui parlent à tous, enseignants comme parents, à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Un contre-feu ? Dans les rangs du CSP, jeudi soir, on s’étonnait un peu de ce choix de communication, de cette « interprétation ».
Pour le CSP, l’essentiel est ailleurs. Dans la forme du document d’abord. Du début à la fin de la scolarité obligatoire, ce sont des textes uniformisés qui sont offerts à la lecture des enseignants, mais aussi des parents d’élèves – auxquels certains passages, plus abordables, sont désormais destinés, en particulier ceux liés aux « compétences travaillées ». Un quadruple niveau de lecture (par compétences, disciplines, cycles et années) entend concrétiser en douceur la logique du « socle commun ». Les exemples d’activités sont bien plus détaillés qu’auparavant pour les enseignants en manque d’inspiration didactique.

« Indications de corpus »
Sur le fond, aussi, les projets de programmes ont évolué – d’autant que les 40 000 enseignants consultés à leur sujet, avant l’été, les avaient jugés avec sévérité. C’est manifeste en français : si l’on ne trouve pas les listes d’ouvrages ou d’auteurs que certains réclamaient, le CSP propose des « indications de corpus ». En 5e par exemple, sans citer Molière, il est question de « lecture intégrale d’une comédie du XVIIe siècle ».
A ceux qui voyaient dans la première version des programmes d’histoire une « survalorisation » de l’islam au détriment de la chrétienté, le CSP propose un nouveau thème d’étude : « Chrétienté et islam, des mondes en contact » – première des thématiques introduites en 5e. La première guerre mondiale, placée initialement en fin de 4e et que les enseignants craignaient de ne pas pouvoir aborder, faute de temps, rejoint « les guerres totales » du XXe siècle, thème lourd abordé en 3e. Le rôle de la chronologie est réaffirmé.
Dans cette deuxième mouture, une place considérable est faite aux EPI, ces « enseignements pratiques interdisciplinaires » introduits par la réforme du collège. Les notions qui s’y prêtent sont identifiées. Ainsi, pour l’EPI « information, communication, citoyenneté », un travail sur le décodage de la propagande est proposé, mêlant histoire, français, langues étrangères…
Pour le CSP, l’essentiel – la logique par cycle de trois ans et par compétences – est sauf. Reste à savoir comment l’ensemble sera accueilli par la communauté éducative. Jamais un nouveau programme n’a échappé à la critique.

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Source : LE MONDE | 18.09.2015 à 06h42 • Mis à jour le 18.09.2015 à 12h06